Ça passera mieux avec des chatons

– Dites, pour les journées de merde, je vous fait un abonnement ou vous les prenez à l’unité ?

– Ben, en fait, je rentre de vacances, alors j’aimerais bien y aller mollo, si vous voyez ce que je veux dire.

– Je comprends bien, mais elle était rhétorique ma question : en fait, vous êtes parti pour en chier jusqu’au Nouvel An.

– Non ?!?

– Ben si.

– La vache, vous n’y allez pas de main morte, dites donc ! Jusqu’à la fin de l’année, vous êtes sûr ?

– Certain. Si vous voulez, je vous le mets par écrit. Je vous fait un mail et je vous rajoute un gif avec des chatons. Ça passe toujours mieux avec des chatons.

– C’est pas faux.

Loin de moi l’idée ici de me plaindre. Mais franchement, je ne sais pas ce qui se trame en ce moment, mais c’est quoi ce bordel ? Il se passe quoi, sans rire ? Mercure est en entré dans la constellation des Connards en mode rétrograde ? Le Destin a avalé un truc de travers ? Pire, je parie qu’il nous fait une petite gastro-entérite, le Destin ! C’est de saison, après tout.

Je ne sais pas vous, mais moi, à part les week-ends qui, à grands renforts de moments passés entre amis, permettent de recharger un tantinet les batteries, le reste de la semaine, en ce moment, c’est Verdun. On patauge dans les tranchées des emmerdes sous les obus des imprévus. On les prend par salves tout en se demandant s’il y a vraiment quelqu’un au poste de commandement. Du coup, on creuse, parce qu’on se dit que c’est la meilleure solution et on attend l’heure des permissions pour quitter le front et repartir en week-end se bâfrer de Carbonnade Flamande – pour ceux qui ne connaissent pas ce plat typique des Flandres, je vous file [une recette vraiment pas mal] à tester les samedis où il tombe des cordes.

Octobre est semble-t-il le cinquième mois le pire de l’année, loin derrière janvier, ce qui me surprend, personnellement, parce que janvier, pour moi est un mois in-ter-mi-na-ble. Trente-et-un jours à se peler en attendant la paie qu’on ira dépenser pour se réchauffer le cœur, puisqu’on arrive pas à se réchauffer le reste, et parce qu’après tout, à part rester dans le canapé à se bouffer des séries sur _Netflix_, il n’y a pas grand chose d’autre à se mettre sous la dent.

Octobre, donc, qui a choisi de m’en mettre plein le dos au propre comme au figuré. Car figurez-vous que j’ai le dos en vrac depuis dix jours. Une gentille petite sciatique a décidé de s’installer bien au chaud au creux de mes reins et de rayonner tranquillement au cœur de mon fessier droit. J’en entends déjà qui ne manqueront pas de faire remarquer que je n’en ai donc pas “plein le dos”, mais “plein le…”, personnes à qui je rétorquerai qu’ils s’occupent du leur, de derrière, parce que j’ai déjà une charmante kiné qui s’occupe du mien deux fois par semaine.

Ma grand-mère maternelle avait l’habitude de me dire que les expressions françaises n’étaient souvent pas que des métaphores. J’en conclus ainsi que mon dos récalcitrant n’est qu’un symptôme d’un mal plus grand : un ras-le-bol.

Comme ce petit blog me fait office de psychanalyse à moindre frais, je vais donc en profiter pour prendre deux minutes et creuser, si vous me le permettez, les causes de ce ras-le-bol — je pourrais aller voir mon psy, mais je l’ai laissé sur Paris, il n’a pas voulu me suivre sur Lille, le bougre. Ce qui fait que je n’en ai plus, et pour ne rien vous cacher, vous me faites économiser 45€. Du coup, j’en profite.

Rassurez-vous, la séance ne va pas durer trop longtemps, parce que je n’ai pas besoin de creuser bien loin pour trouver les raisons de ce ras-le-bol. Elles sont au nombre de trois : la violence, l’injustice et la mauvaise foi. À croire que les grands comme les petits de ce monde se sont donné le mot pour combattre l’une avec l’autre. D’un candidat orangé à l’élection américaine incitant à la révolte aux petites frappes de banlieue parisienne usant du Molotov, des patrons du CAC 40 qui d’une main annoncent des bénéfices outranciers et de l’autre licencient “par précaution” (coucou M. PSA), des “confidences” d’un futur ex-président aux “promesses” de pas-encore ou déjà-trop candidats, des scandales télévisuels morandinesques aux dépouillements kardashianesques en passant par la Manif pour Tous, de ceux qui gouvernent par les chiffres à ceux qui prétendent gouverner, vous me fa-ti-guez.

Violence physique, violence des propos, mauvaise foi caractérisée pour justifier de choix injustes. Je ne vois qu’une solution pour garder le moral : non, ce n’est pas se voiler la face, mais c’est se faire une bonne petite cure de désintoxication. Eliminer les toxines, couper les ponts avec les produits et les personnes nocives et repartir sur des bonnes bases. Retrouver du sens. Et surtout, arrêter de se battre pour rien dans des combats perdus d’avance. En plus, il paraît que c’est mauvais pour la santé, c’est ma kiné qui le dit.

Merci pour la consultation, ça fait du bien de se remettre les idées en place. Du coup, je vais faire du ménage dès demain, retrouver des gens et des projets positifs qui en valent le coup (si vous avez des idées, faites-les passer) et dire au revoir aux choix et aux personnes toxiques. C’est pas contre eux, hein. C’est pour mon dos.

Et puis, rassurez-vous, je leur annoncerai en ajoutant des chatons. Ça passe toujours mieux avec des chatons.

Précédent
Précédent

Des bulles à grande vitesse