J’ai des bouffées

J’ai pour habitude de dire qu’il n’y a que deux choses qui m’énervent : l’injustice et la mauvaise foi. (J’en d’ailleurs déjà fait un précédent article.)
Avouons-le cependant : ce genre de phrase relève plus du marketing / personal branding que de la vérité. Car en réalité, qui me connaît un tantinet sait que pour obtenir une liste plus ou moins exhaustive de ce qui peut m’énerver, il faudrait ajouter :
- Les gens qui mangent la bouche ouverte.
- Les gens qui font du bruit en mangeant, tout court.
- L’incompétence en général.
- Les femmes qui me balancent régulièrement des coups avec leur sac à main alors que je suis paisiblement assis devant une salade César dans un restaurant.
- Une journaliste de France 2 qui a une voix insupportable et un débit tellement caricatural que tu te dis qu’elle a appris à faire ses voix off en décortiquant les reportages de Groland.
- La fille qui vient te voir en minaudant pour obtenir un truc, mais qui porte haut le drapeau du féminisme à l’heure du dej.
- Les conversations qu’ont les passagers d’un train sur le téléphone portable alors que le monsieur vient juste de demander aux passagers de bouger leurs miches et de passer leurs appels entre les wagons.
- Tant qu’on est sur le sujet des trains, les sympathiques personnes qui t’ont piqué ta place réservée pour être “ensemble” et qui t’envoient d’un sourire bien culpabilisant t’installer à l’autre bout du TGV sur leur place à eux. (Je vous jure que ça m’arrive un matin sur deux).
- Les passagers d’un vol qui se précipitent pour embarquer alors que les gars, on a tous une place à bord. C’est pas comme si on allait te piquer ton merveilleux siège stratégiquement situé au milieu d’une rangée de trois, à 20cm des toilettes.
- En parlant de toilettes, les traces de pneus dans celles des mecs, au bureau, alors que le mur est tapissé d’instructions plus ou moins humoristiques sur l’usage de la brosse. Les mecs sont des génies de l’informatique, mais pour ce qui est d’utiliser une putain de brosse…
- Pire, les mecs qui déboulent systématiquement à ton étage pour aller discrètement faire le (gros) bazar et pourrir l’atmosphère pendant vingt minutes.
- Tiens aussi le mec qui vient s’installer à l’urinoir juste à côté du tien alors qu’il y en a douze de libre.
- Les gens qui se pointent en retard en réunion et qui t’obligent à refaire le résumé des épisodes précédents. Et qui repartent avant la fin, parce que, tu comprends, eux ils ont du boulot.
- Le mec qui a toujours raison, mais qui, en vrai, à totalement raison mais tu ne peux pas lui dire parce que c’est ton ego qui en prendrait un coup.
- Le mec qui a toujours raison, mais qui, en vrai, à tellement tort mais tu ne peux pas lui dire parce que c’est lui qui signe ton chèque à la fin du mois. Ou au début, selon sa trésorerie. Ou même carrément plus tard, quand il y pense.
- Le mec qui doit prendre une décision, avec qui tu entames une discussion et du bureau duquel tu ressors une heure et demie plus tard sans avoir la moindre idée de pourquoi tu étais allé le voir.
- Le mec qui a toujours besoin d’un bouc émissaire, sinon il sait pas faire. Ou sinon il serait obligé de se rendre compte que c’est lui qui fait de la merde…
Je m’arrête là parce que si je continue, j’aurai pas assez de batterie sur mon portable. Et puis je finirais par passer pour un vrai connard et contrairement à un de mes amis qui le revendique haut et fort, je ne suis pas encore prêt à faire mon coming out de connard patenté.
Bon, les deux premiers éléments de cette liste, le truc sur les gens qui bouffent la bouche ouverte, je n’y peux pas grand chose. Il paraît que c’est une maladie dont peu de gens souffrent et que seule une université belge a choisi d’étudier : la misophonie. C’est une réaction épidermique, physique et psychologique aux sons de mastication et autres manifestations corporelles. Je vous assure, c’est un vrai calvaire. Un mec qui bouffe des chips ou se gave de popcorn à moins de cinq mètres et j’ai des envies de meurtre couplée avec une irrépressible envie de lui déverser ma salade César sur ses mocassins à glands.
Pour le reste, rien de bien méchant pour la plupart, quelques petites frictions tout au plus, un léger agacement.
Sauf, si je suis honnête, sauf les quelques derniers points qui sont loin d’être anodins. Et ce sont eux qui m’ont d’ailleurs poussés à faire encore appel à vous pour une petite séance de psychanalyse digitale à moindre coût. Parce que figurez-vous que ce matin, à l’heure où blanchit la campagne, alors que je promenais mon teckel à poils durs, je fus pris d’une bouffée de colère. Des vieux relents de situations et conversations passées au boulot, des discussions avec des potes sur leurs vies professionnelles et les impasses dans lesquels certains se trouvent, un mélange de tout en tas de trucs confus qui ont fait remonter les visages de gens, dont un en particulier, contre qui, à mon corps défendant, je conserve une véritable colère. De celles qui mijotent dans le coin des trucs pas résolus, de bonnes vieilles braises qui ne veulent pas s’éteindre. De celles qui donnent envie de se retrouver face à face avec la personne et de lui vomir à la gueule tout ce qui t’a empêché de dormir et qui t’a fait te retrouver à fixer le plafond à quatre du matin.
Rassurez-vous, ce n’est qu’une bouffée passagère. Je ne pense pas que je passerais un jour à l’acte. J’ai bien trop peur du karma ! Et j’ai bien trop peur aussi que quelqu’un se décide un jour de faire de même avec moi et je risque de pas savoir gérer. Je l’ai dit plus haut : je ne suis pas prêt à assumer tout seul mon côté connard. Alors de le prendre en pleine face de la part d’une tierce personne, encore moins…
On me dit dans l’oreillette qu’il faut que je lâche prise.
Ouais, ok, j’en suis conscient et j’ai sciemment tourné la page. Mais il semblerait que mon subconscient, ce chafouin, ait décidé de s’accrocher. Donc si vous aviez des trucs et astuces pour se débarrasser une bonne fois pour toute de ces bouffées de colère m, je vous en serais éternellement reconnaissant. Surtout que vu les années qui passent, je crois savoir qu’il y a celles de l’andropause qui m’attendent, de bouffées.
Et merde…
Comments
Chanu gousset sylvain
La misophonie me fait tant souffrir moi aussi !!! Ouvrons un centre thérapeutique ou alors éliminons tous ceux qui mastiquent !!!! Sans jeu de mots ….
Sam
Pour avoir déjà été dans cette situation, je dirai déjà que le fait de l’avoir écrit a du apaisé (un peu) ta colère, non ?! Sinon, pour le reste, tu as bien raison, c’est une histoire de karma. Même si tu dis face à face ce que tu penses, crois-tu que la personne en face va réagir dans ton sens ?! Ne crois-tu pas que ça va attiser encore plus de colère fasse à de la mauvaise fois ? En réalité, si elle est en mesure d’être en accord avec ton point de vue, elle aurait été en mesure de l’apprendre d’elle même et donc de ne pas t’empêcher de dormir ! Alors à mon sens, concentre toi sur aujourd’hui et demain. Si ta vie te convient alors profites-en et si tu peux l’améliorer fais-le, transforme cette colère en énergie positive et focalise toi sur ce qui te rends heureux. Dans mon cas, cela me suffit à ignorer toutes les personnes qui m’ont fait perdre des années de longévité à cause du stress et de la colère ! Avec toute ma bienveillance …
Erwan
Merci Sam Sr 😉
Tu as effectivement raison. Le simple fait d’avoir “vomit” tout ça sur l’écran de mon iPhone, entre Lille et Bruxelles, et je me sentais déjà mieux.
Mais rien ne dit que ces bouffées ne reviendront pas, ceci dit. Car ce matin, cela m’a vraiment pris par surprise.
Mais comme le dit Emilie, le temps, ça aide !
Emilie
Respire profondément, libère toi l’esprit, c’est du passé… Cela ne vaut pas le coup de s’abîmer le moral et la santé pour quelqu’un qui n’en vaut pas la peine! Le temps fini pas effacer (jamais totalement malheureusement) les gros cons qui t’ont pourri la vie… Parce que au final, Si tu le recroises dans quelques années, toutes tes envies de vomi et de claques tu les remballeras pour de l’indifférence… (Si ça sent le vécu, c’est normal! )
Take Care… ❤️
Un mec qui te veut du bien.
“à quatre du matin.”, il manque “heure” 😀
Erwan
Nan, c’est fait exprès 😉 C’est un effet de style