Le départ avant le départ

Lille, 27/12/2023 - 5h19

Réveillé. Tête dans le cul. Cyril dort encore, le chat posé sur son torse. On a descendu hier les matelas dans le salon pour boucler le nettoyage de l’étage. On s’est couché tard, mais on a profité d’un dernier feu dans le poêle à bois. (Que les esprits mal tournés se rhabillent, non, nous n’avons pas de peau de bête).

Plus de quoi faire un café mais heureusement les voisins sont adorables. J’ai les clés de la maison d’une petite famille partie pour Noël (coucou Marion, Julien et Joseph) ; je profite de leur super machine à café pour en faire deux vrais (on buvait du Nescafé depuis une semaine, mais je n’ai plus de quoi faire chauffer de l’eau).

Il fait gris et crachou. Je sens que la journée va être longue.

Lille, 9h

Cyril vient de partir en trombe chez le vétérinaire avec le chat. Tout va bien : elle nous a fait une petite fugue de dernière minute alors qu’elle avait rendez-vous pour son check-up avant départ. Pour pouvoir immigrer avec nous, elle devait avoir ses vaccins à jour, un passeport félin en bonne et due forme et une dernière visite de contrôle.

Avant de filer, Cyril m’a déposé une quatrième valise de 75 litres qu’il a acheté à l’ouverture de Carrefour.

Oui, une quatrième !

Nous avons été bien trop optimistes sur notre capacité à tout empaqueter. Nous étions persuadés qu’une fois le gros de nos affaires parties en cartons, nous ferions rentrer tout ce qui restait dans deux valises et un sac à dos.

Sauf que il nous reste quand même pas mal de fringues et petites choses essentielles dont nous aurons besoin dès notre arrivée (surtout vu que le container n’appareillera au port de Montréal que le 15/01). Genre une couette, un draps et des oreillers par exemple, quelques couverts, etc. Je vous laisse imaginer.

Déjà hier, on s’est dit que deux valises ne suffiraient pas et on est allé en acheter une troisième, qu’on a rempli ras la gueule en dix minutes. On a eu beau mettre une majorité des affaires dans des sacs sous vide, il nous restait encore une tonne de trucs. On va de voir encore faire du tri pour ne garder que l’indispensable.

Lille, 10h45

Les derniers amis qui devaient venir chercher des affaires qu’on leur vendait ou donnait vienne de partir. Il y a eu des larmes et j’avoue que c’est chaud pour moi. Cyril est parti rendre la voiture de location qu’on avait loué pour aller passer Noël chez les beaux-parents (notre super Mégane électrique étant dans les mains de son nouveau propriétaire depuis le 22).

Je suis donc tout seul dans la maison quasiment vide. C’est un sentiment vraiment très étrange. J’ai toujours su que cette maison ne serait pas notre dernier foyer, qu’on la quitterait un jour, mais j’ai un gros pincement au cœur quand même. Et puis, c’est ici qu’on a vécu la période Covid, ça laisse des traces ! Mais au-dessus de tout le reste plane toujours une ombre : nous n’avons toujours pas confirmation de la signature de la vente demain à dix heures. Le notaire des acquéreurs n’a toujours pas répondu au nôtre. J’avoue que tout ceci m’exaspère depuis plus d’une semaine, mais il faut que je reste calme. De coup, je me tape un début d’eczéma sur le poignet…

Tout ce qui reste est regroupé près de l’escalier. Quatre énormes valises, deux petits sacs à dos et le sac de transport du chat. Il nous reste à finir de nettoyer la cuisine et on sera bon.

Gare Lille Flandres - 14h42

Après un périple en trombe avec un Uber et le SUV de notre voisine Emma (il faut bien ça pour trimballer nos je-sais-pas-encore-combien-de-kilos de bagages), nous avons réussi à choper le TGV pour Paris. Nous voilà assis au bar. Le chat est plutôt zen, et nous, en nage, mais soulagés. Nous avons surtout eu enfin confirmation que la vente aurait bien lieu demain.

Paris, 16h12.

Nous voilà arrivés dans notre point de chute pour les quatre jours avant le départ. Nous logeons dans un AirBnB du côté du métro Jourdain au 3ème sans ascenseur. J’ai cru que nous allions crever en montant les valises. En plus, l’escalier est ultra serré. J’ai la dalle : on a même pas eu le temps de manger un bout ce midi. Nous sommes à bon port, mais je ne suis pas serein. Le chat non plus, elle tourne et vire et ne comprend pas trop ce qui lui arrive.

Paris, 21h20.

On est couchés. On en pouvait plus. On s’est quand même fait un gros plaisir en allant manger un bout chez Alex, un restaurant chinois de Belleville qu’on adorait quand on habitait le quartier. Cyril dort déjà, moi pas. Je rumine.

Des raviolis grillés, des nouilles shangaiennes de Chez Alex. Le bonheur.

Paris, 28/12/2023 - 10h

Je stresse tellement que j’en tremble. Je sens la migraine ophtalmique qui monte et j’essaye de la maîtriser. Au moment où j’écris ces lignes, la signature de la vente de la maison va avoir lieu chez notre notaire. Évidemment, nous n’y serons pas et nous y serons représentés.

C’est pourtant la troisième fois que nous vendons un bien (et la seconde pour notre lieu de résidence), mais c’est la première fois que je ne suis pas du tout en confiance.

Pourtant, à nos yeux, nous laissons une maison dans un état aussi correct qu’il nous a été possible d’atteindre. Ceux d’entre vous qui nous connaissent savent que notre intérieur est toujours aussi nickel que possible, que nous prenons soin de nos affaires et que nous respectons les gens pour ne pas leur laisser une porcherie. Je ne vais pas rentrer dans les détails sordides de ce processus de vente, mais disons que l’affaire était plus que tendue depuis une dizaine de jours. Nous voilà maintenant obligés de faire appel à un ami pour qu’il aille récupérer des pots de peintures et autres échantillons de papier peints et quelques outils que nous avions laissés dans le garage, le genre de choses qui facilite la vie des nouveaux propriétaires quand tu as besoin de faire des retouches. Engagement que nous avons du prendre par écrit car les acheteurs sont « tendus ».

Fingers crossed pour que tout cela se termine bien et qu’on ait une signature.

Paris, 11h

Toujours pas de nouvelles de l’office notarial. En plus du mal de tête, je me tape des remontées acides. J’avale un Gaviscon.

Paris, 11h18

Alleluia. C’est signé. Non sans quelques remarques incisives des acheteurs, semble-t-il. Heureusement, j’en pouvais plus de stress. Nous pouvons enfin respirer et passer à la suite de l’histoire.

Trois jours à Paris pour décompresser, faire le vide avant de prendre l’avion. C’est pas du luxe.


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J-16 : 50 cartons, 4 malles et 6000 km