Écrire sur iOS et macOS : quelles sont les meilleures applications ?

Cela fait maintenant plus de 25 ans que j’écris (et environ 10 que je l’assume, mais ça, c’est de la matière pour un tout autre article). Je suis passé par tous les supports, les outils, qu’ils soient physiques ou digitaux. J’ai testé une ribambelle de logiciels conseillés par de grands auteurs, scénaristes et des gourous de l’écriture ; j’ai changé plusieurs fois mon fusil d’épaule et déclenché au passage des migraines à l’idée de devoir tout transférer d’un outil à un autre.

Aujourd’hui, avec deux romans, une pièce de théâtre, quelques scénarios et des dizaines d’articles de blogs sous le capot, je peux enfin affirmer avoir trouvé les outils qui me conviennent pour écrire.

Avant de lister ces derniers et de vous expliquer mes choix, permettez-moi de préciser que :

  • Par « écrire », je n’entends pas uniquement la phase d’écriture mais tout le processus de recherche, de brainstorming, de récolte d’infos, de trame, etc.

  • Cette liste est bien évidemment très personnelle et correspond à des contraintes que je m’impose ou des besoins qui me sont propres.

  • Je ne suis en aucun cas sponsorisé par les éditeurs des logiciels cités ci-après.

    * * *

Mes critères

1. Être facile à utiliser n’importe où

Depuis des années, ma vie professionnelle m’impose des trajets en transports en commun, certains, comme depuis un an, qui dépassent une heure et mélangent Tramway, TGV et Métro. Il me faut donc un moyen de pouvoir prendre des notes, vider mon cerveau ou réellement écrire un chapitre, une scène ou un article de blog peu importe où je me trouve, que je sois assis, debout, ou même en mouvement. Je sais d’expérience que l’inspiration peut venir à n’importe quel moment ; ne pas disposer d’un moyen de noter quelque chose que l’on voit, qui nous touche, nous émerveille, nous met en colère, là, sur le moment est particulièrement frustrant.

(J’écris d’ailleurs ces lignes dans un TGV Lille-Paris qui rentre en Gare du Nord... et je les continue sur le quai de la ligne 4 du métro).

Mon bureau ce matin, quelque part entre Paris et Lille

Écrire dans un carnet, aussi petit soit-Il, s’avère impossible dans un train en mouvement ou dans un métro bondé. Le papier est donc éliminé pour son manque de souplesse en mode tout-terrain.

Écrire avec un stylet sur un iPad ou une tablette comme la “Remarkable” n’est pas non plus jouable. Cela requiert une surface plane sur laquelle se poser, de la place autour de soi pour écrire. Le geste s’apparente au papier (et encore pas tout à fait, car le stylet glisse trop vite , à mon goût, sur le verre) et j’ai beaucoup de mal dans un train qui tangue.

Écrire sur un téléphone portable, par contre, reste accessible même dans un espace restreint ; la saisie sur un clavier virtuel ne souffre pas du manque de stabilité du voyageur en transport en commun.

Donc mes outils seront digitaux et devront être utilisables sur mon iPhone.

2. Être synchronisé avec mon ordinateur

Si je profite de mes temps de transport pour écrire ou juste noter des idées, j’aime aussi m’asseoir à mon bureau ou dans un café et travailler, à l’aise, sur mon ordinateur portable. Il est donc indispensable que mes applications existent aussi bien sur iPhone que sur Mac.

Mes projets, textes, idées doivent se synchroniser sans accroc d’une plate-forme à l’autre. Je dois également pouvoir travailler sans connexion à internet, un aspect particulièrement important encore une fois durant les voyages en transport.

(Il est maintenant 19h20 et je suis de nouveau dans le TGV du retour vers Lille, assis à la voiture bar, et j’écris cette fois-ci sur, vous l’aurez deviné, mon ordinateur.)

3. Être flexible et facile à prendre en main

Quel que soit l’application, l’interface doit rester sobre, voire invisible et me permettre de me focaliser sur le travail à mener, si possible de manière centralisée.

Je dois pouvoir travailler indifféremment sur un article de blog, un roman ou une pièce, faire des recherches ou noter de simples idées ou des bouts de dialogues sans devoir changer de logiciel.

La manière dont l’outil stocke et structure les contenus doit me permettre la recherche, l’ajout de mots-clés, la réorganisation, la séparation ou la réunion de bouts de texte. Je dois tout pouvoir jeter en vrac et trier ensuite, changer l’ordre des scènes ou des paragraphes à volonté, faire des liens entre les contenus, voir les regrouper dans la même « boîte » au besoin.

Je dois pouvoir définir des types de contenus mais ne pas être contraint de devoir tout définir à l’avance ou encore, une fois la structure d’un type de contenu défini, ne pas avoir à devoir tout systématiquement renseigner.

J’ai par exemple fait l’expérience de logiciels qui forçaient le remplissage de formulaires interminables pour créer un personnage ou un décor quand parfois un simple prénom, un âge et une profession suffisaient.

De même, d’autres logiciels sont réservés à un certain type de production (scénario, pièces…) et contraignent l’écriture à une certaine structure, un certain format. L’expérience m’a montré que parfois une histoire qui commence sous la forme d’un scénario de film peut finir par être publiée sous celle d’un roman, qu’une série télé peut devenir une pièce de théâtre.

Pour moi, la forme finale ne m’importe que lorsque viendra le temps de partager le document. Ce qui m’amène à une dernière contrainte.

4. Être « ouvert »

Je dois pouvoir exporter tout ou partie de mon contenu vers n’importe quel logiciel qui accepte du texte sans perdre ni la mise en forme ni la hiérarchie. D’ailleurs, je ne dois pas devoir me soucier de la forme avant la toute fin du processus. Seule la hiérarchie et l’ordre comptent vraiment durant le processus d’écriture.

* * *

Voilà, vous savez tout de mes contraintes, ou plutôt de ce que j’ai découvert comme m’étant indispensable pour créer quand et où bon me semble et dans les meilleurs conditions. J’imagine que beaucoup d’auteurs ont des habitudes et des besoins fort éloignés des miens et ne peuvent s’imaginer écrire dans un couloir de métro ! J’étais d’ailleurs le premier à me projeter dans un rituel matinal qui m’emmènerait à l’aube de mon lit à mon clavier, en passant par les étapes douche, yoga et café. Jamais je ne me serais vu en train de tapoter furieusement sur mon iPhone à sept heures du mat, au beau milieu de la gare Lille Flandres. Mais ma vie professionnelle m’a emmené sur d’autres chemins, d’autres rituels qui ont permis, par exemple, à plus de la moitié de “Change rien” d’être écrite “en transit”. Comme quoi, il n’y a pas qu’une seule recette !

* * *

Les outils

Venons-en à cette fameuse liste d’outils. Et bien, elle se limite à seulement deux applications ! Et je dois vous avouer que jusqu’il y a dix jours, la liste n’en comptait qu’une seule.

1. Le cœur du système : Ulysses

J’utilise ce logiciel depuis 2017 sans interruption. J’aime son interface simple, facile à prendre en main, sa flexibilité dans l’organisation des contenus.

Ma bibliothèque contient tout ce que j’ai écrit depuis plus de 10 ans, organisé par contexte (créatif, professionnel, personnel) et par destination (article, courrier, documentation, présentation, pièce de théâtre, roman, etc).

Je peux créer une nouvelle page de contenu en un clic, faire disparaître tout le reste de l’interface (et du système) et m’immerger dans l’écriture sans distraction.

Je jette en vrac dans la “boîte de réception” tout ce qui me passe par la tête et qui n’a pas d’objectif particulier, en attachant un mot clé au contenu.

Le moteur de recherche me permet de retrouver facilement tout type d’écrit malgré les plusieurs centaines de milliers de mots que contient ma bibliothèque.

Les auteurs du logiciel ont fait le choix du langage “Markdown” comme principe de mise en forme. Pour quelqu’un qui n’aurait jamais utilisé ce système, la prise en mains des balises à ajouter reste assez rapide ; le système permet de hiérarchiser facilement les contenus et d’appliquer les effets basiques au texte (gras, italique, citation, etc) sans se soucier de la police et de la mise en forme (elle sera appliquée au moment de l’export via des feuilles de style). Insérer des images ou des liens se fait également très facilement.

La synchronisation entre iOS et macOS se fait via iCloud (ce qui implique de disposer d’un abonnement). Même si iCloud a parfois mauvaise presse, j’avoue ne jamais avoir eu de souci de synchronisation entre les plateformes. Si jamais deux versions d’un contenu venaient à être en conflit, Ulysses propose de soit en choisir une, soit de conserver les deux, ce qui évite bien des déconvenues.

La structure des dossiers et des “feuilles” dans la bibliothèque permet de facilement de réorganiser des scènes ou des chapitres par glisser-déposer, de scinder une feuille en deux ou, à l’inverse, d’en combiner deux en une seule, voire d’en lier plusieurs ensemble. Une fonctionnalité permet également d’indiquer qu’une feuille ne contient que des éléments de recherche (“feuille de ressource”), ce qui l’exclut des exports. Ce système est très pratique pour garder des informations utiles au plus proche des scènes / contenus où l’on en a besoin sans risquer de les voir apparaître dans le texte final.

On peut également inclure des commentaires au cœur même des textes, commentaires qui seront eux aussi masqués lors de l’export.

À ce sujet, une fois le travail terminé, on peut facilement exporter la totalité de son contenu vers Word (pour relecture par un correcteur) ou tout autre logiciel de mise en page (pour la partie édition) ou de mise en ligne (pour la partie digitale). Ulysses supporte les exports sous de multiples formats (txt, rtf, pdf, ePub...) et gère parfaitement les feuilles de styles, ce qui permet d’obtenir facilement le résultat attendu. Résultat que l’on peut facilement prévisualiser avant l’export.

Enfin, pour ceux qui, comme moi avec le NaNoWriMo qui approche, aiment les statistiques, Ulysses propose de se fixer des objectifs et garde compte des contenus produits.

Vous l’aurez compris, Ulysses est mon compagnon de route tout-terrain du quotidien. Je le dégaine à longueur de journée, au bureau pour gérer tout mon contenu “pro” et partout ailleurs pour gérer mon contenu “créatif”. J’y verse tous mes textes sans me soucier de la synchronisation ni de la forme. Jamais je n’ai rencontré de problème ni perdu de contenu. Les développeurs font évoluer l’application régulièrement sans non plus rendre cette dernière compliquée à prendre en main.

Ulysses

$5.99 / mois ou $39.99 / an incluant l’application pour iPhone, iPad et Mac.

Ulysses est parfait pour le processus d’écriture en tant que tel. Mais le logiciel ne répond pas totalement à mes besoins pour la partie recherche, le moment où je constitue la “Bible” de mon projet, car il lui manque deux aspects qui faciliterait cette partie du processus :

  • l’absence de liens internes au sein des contenus que l’on produit

  • l’impossibilité de structurer ces contenus de manière formelle.

J’aurais aimé, par exemple, pouvoir créer une “feuille de ressource” avec une structure définie pour documenter un personnage, un décor, un sujet comme dans une base de données et pouvoir ensuite lier ces contenus entre eux. Ainsi, je pourrais définir un personnage X avec son âge, sa profession, une description physique et indiquer qu’il est le frère du personnage Y, que tous deux fréquentent le restaurant Z et pouvoir ensuite naviguer d’un contenu à l’autre via ces liens.

Ces fonctionnalités étant absentes d’Ulysses, j’ai dû me contenter de feuilles de ressources sans structure et de naviguer d’un contenu à l’autre via le moteur de recherche… jusqu’il y a environ dix jours où mon chemin a croisé celui d’un logiciel dont j’ignorais l’existence et qui allait devenir mon “second cerveau”.

2. Le second cerveau : Capacities

Développé avec brio par deux amis allemands, Capacities pourrait être considéré comme un petit frère de Notion. Il lui ressemble d’ailleurs beaucoup visuellement. Mais la ressemblance s’arrête là. Là où Notion définit des pages qui peuvent contenir tout et n’importe quoi (ce qui permet, je le conçois, une grande liberté aux personnes et aux équipes qui l’utilisent), Capacities permet de définir des types d’objets (Livre, Personne, Lieu, Projet…) comme bon vous semble. Ces objets peuvent appartenir à des collections, être tagués avec des mots-clés et liés entre eux très simplement.

Chaque objet est automatiquement liés :

  • aux autres objets du même type

  • à une entrée journalière dans le calendrier (ce qui permet de retrouver ce que vous avez créé à une certaine date)

  • aux autres objets avec qui il partage les mêmes mots-clés

  • aux autres objets mentionnés dans son contenu

La magie s’opère alors quand vous ouvrez la vue “Nodes” qui vous permet de voir comment le contenu est lié aux autres dans une “Mind Map” générée automatiquement.

La vue du “nodes’ d'un objet Personnage de ma Bible dans l’application Ccapacities

La promesse d’être un second cerveau fonctionne à mes yeux parfaitement car je peux retrouver mes contenus facilement, les structurer comme je l’entends et les lier comme bon me semble, par thème, type ou librement.

Je travaille actuellement à l’établissement de ma bible pour mon prochain roman et j’y trouve un réel plaisir. J’ai créé des objets de type Personnage, Décor, Évènement en quelques minutes et je navigue en souplesse dans l’interface.

Capacities

Gratuit ou €10.00 / mois incluant l’application pour Mac et iPhone (en beta).

Ce nouveau logiciel n’existe pour l’instant qu’en anglais et en allemand, mais c’est une réelle découverte pour moi et je pense l’utiliser quotidiennement. J’ai d’ailleurs choisi de m’abonner à la version “Believer”.

Le seul bémol : l’application requiert pour l’instant une connexion internet, mais les développeurs, très réactifs et transparents indiquent travailler sur le sujet.

* * *

Voilà, vous savez tout ! J’alterne désormais, selon le contenu que je veux produire entre Capacities pour mes recherches (et par extension ma construction d’univers pour les projets créatifs) et Ulysses pour l’écriture. Devoir basculer d’une application à l’autre ne me gêne pas, au contraire, car les usages sont bien distincts et la navigation reste fluide.

Bien évidemment, d’autres outils comme Word viennent compléter la partie relecture ou mise en page en toute fin du processus, mais leur utilisation ne représentent qu’à peine 5% (chiffres à l’appui) du temps que je passe à écrire.

J'espère que cet article et mon expérience vous aideront dans votre parcours d'écriture.

Que pensez-vous de ces deux outils ? Les connaissez-vous ? Qu’utilisez-vous pour vos projets d’écriture ? Dites-moi tout dans les commentaires.

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