Caribous, chemises à carreaux et autres idées reçues

Montréal, quartier de Rosemont - La Petite Prairie

2 avril 2024, 19h29

Quand tu dis que tu habites au Canada, il y a en gros deux choses qui font tripper les gens :

  • les Caribous (merci à cet imitateur connu qui ne pouvait pas imiter Céline sans prononcer le nom de cet animal)

  • les bûcherons.

J’avoue, pour les bûcherons, c’est plutôt les femmes et les copains gay de mon entourage que ça intéresse. Mais si vous saviez combien de fois on m’a demandé d’un trouver un à la bonne taille, si possible à consommer sur place… Si j’écoutais toutes mes copines, je devrais leur préparer un catalogue. Il y a peut-être même une idée de business là-dedans, ou une app de rencontres à développer (je me la note pour plus tard).

Je ne sais pas d’où vient cette attirance quasi-universelle pour le mec baraqué à chemise à carreaux qui coupe du bois sous la neige…

Vous savez qu’il y a même une tripotée de comptes Instagram de gars qui exploitent le filon et se filment en train de couper du bois. Véridique ! Voire des comptes qui recensent les comptes de bûcherons. Y en a vraiment pour tout les goûts sur le net.

Ah mais si, suis-je bête, je sais d’où vient cette fascination ! C’est évident : Charles Ingalls. Pas le vrai qui, au premier regard, ne ferait pas vibrer grand monde.

Caroline et Charles Ingalls, les parents de Laura Ingalls Wilder

Non, je parle de celui joué par Michael Landon dans la série télévisée. Le mythe du père qui construit sa propre maison en rondins, qui pousse sa charrue dans son champ et se battrait presque contre des ours pour protéger sa famille.

Soyons clair, je n’ai croisé en quatre mois sur le territoire ni caribou, ni bûcheron. Et les chemises à carreaux ne sont pas légions non plus.

Si on étend un tantinet la liste des choses qui interpellent les gens à l’idée de venir s’installer ici, on trouve dans le désordre :

  • La neige, le grand froid

  • Les grands espaces

  • Les balades en chien de traîneau

  • La poutine ! La poutine !

  • Le sirop d’érable

  • Les “couleurs” à l’automne

  • Et bien évidemment, l’accent.

Je vous le confirme, presqu’un mois après mon dernier article (je suis encore dans les temps, on se calme !), l’accent de Cyril s’installe tranquillement, se développe comme un ragoût développe ses saveurs en mijotant sur le coin de la cuisinière, il s’allonge en bouche sur les “a”, se nasillarde sur les “in” et les “en”. Tout un poème. Et le vocabulaire a évidemment continué à s’étendre.

Mais à ma grande surprise, selon une amie de passage à New York et qui a fait le chemin jusqu’à nous pour le week-end…

(J’en imagine qui tiquent en lisant cette dernière phrase. Oui, je vous le confirme, Montréal est à cinq heures de route et à une heure trente de vol de New York. Allez vérifier sur Google Maps, je vous attends pour continuer…)

… comme me le faisait remarquer notre amie Consuela de passage ce week-end, il semblerait donc que le fameux accent commence à pointer également dans ma bouche ! Honnêtement, je ne l’entends pas mais cela ne me surprend pas. Fallait bien que cela arrive un jour.

Donc, accent, check ! On s’y fait, on s’y fait prendre et on l’oublie presque tellement il fait partie du paysage auditif.

La neige, le froid, je vous en a déjà amplement parlé, check.

Les grands espaces, les chiens de traîneau, les couleurs, tout ça, on en reparlera plus tard dans l’année.

Le sirop d’érable, bon, et bien, c’est un peu comme la bière ou les spéculos dans le Nord : on en trouve partout, à toutes les sauces : dans les gateaux, les bonbons, les sauces, justement, arrosé copieusement sur les crêpes du (petit-)déjeuner, dans les liqueurs et les cocktails. Bref, vous voyez le tableau. On aime ça, mais on pourrait vite s’en lasser.

La poutine, là par contre, je fais l’impasse. Je vais me faire des ennemis, mais j’assume : je ne comprends pas l’engouement autour de ce plat de frites baignants dans une sauce maronnasse trop salée et couvertes de crottes de ce qu’on ose appeler du fromage mais qui n’est ni plus ni moins que du polystyrène qui couine sous la dent. Franchement, très peu pour moi.

Non, vraiment, cela ne m’attire pas du tout.

Non, franchement, s’il y a une seule chose que je me dois de mettre en avant comme symbolique de notre vie ici, c’est un chiffre : 25.

Vingt-cinq, c’est le nombre de pulsations par minutesque Cyril a “perdues” depuis notre installation. Souvent, à Roubaix, sa montre connectée l’alertait de son rythme cardiaque trop élevé depuis trop longtemps. Et elle l’alertait tellement souvent que cela était devenu une habitude pour lui de la faire taire d’une pression du pouce.

Il y a quelques semaines, Cyril s’est rendu compte que sa montre ne l’alertait plus et comme vous l’auriez sûrement fait, il s’est dit qu’elle devait bugger. Sauf qu’un rapide test de rythme cardiaque sur ladite montre lui révéla que ce dernier avait tout bonnement chuté. et plutôt drastiquement !

Je vous rassure : pas de problème médical, non. Juste une vie quotidienne qui baigne dans une douceur dont je vous ai déjà brièvement parlé. Et Cyril n’est pas le seul dans ce cas : moi-même je constate un rythme cardiaque au repos plus bas d’environ dix pulsations (sachant que je n’ai finalement coupé les ponts avec le travail en France qu’il y a un mois et demi, j’ai un peu de retard).

Les choses sont effectivement plus lentes ici, à tous les niveaux. Obtenir une réponse d’une administration, se faire servir dans un magasin ou au restaurant, faire réparer sa voiture… tout semble marcher un peu au ralenti pour nous, les français. On a même eu tendance certaines fois, au début, à se laisser submerger par la frustration. Mais avec l’expérience, on s’est rendu compte que même si parfois, on devait patienter plus de quarante minutes au téléphone après avoir eu affaire à deux personnes différentes, systématiquement la raison de notre appel trouvait satisfaction et nous avions toujours des gens bienveillants à l’autre bout du fil.

Je sais, vous allez croire que j’ai mis des lunettes roses ou que je prends de la drogue (non je ne fume pas de weed, même si c’est légal ici), mais je vous l’assure : pour l’instant je n’ai pas eu une seule fois affaire à quelqu’un de désagréable dans mes différentes interactions. Ou alors si, mais bizarrement, la personne en question n’avait pas l’accent québécois…

Vous ne me croyez pas ? Venez nous voir. On vous attend.

Dans l’intermittence, je vous laisse avec une vue de Montréal prise ce dimanche depuis le port. Comme vous pouvez le constater, ce n’est pas encore le printemps, mais nous avons tellement de journées ensoleillées que j’ai arrêté de les compter… (vous êtes jaloux ?)

Et si vraiment vous vous ennuyez, je vous mets un lien vers un certain générique

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